Mari Abdoulaye : Une jeune nigerienne engagée dans le domaine de l’agrobusiness

Mari Abdoulaye : Une jeune nigerienne engagée dans le domaine de l’agrobusiness

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Mon nom est  Mariama ABDOULAYE, je suis une jeune nigérienne ingénieure en mines-géologie et technicienne en génie civil avec une expérience en hydraulique villageoise, également  entrepreneur dans le domaine de l’agro business. Je suis aussi la directrice générale du Groupe VLAN (Visionnaire Leader pour une Afrique Nouvelle).

Décrivez nous votre Cursus scolaire et de vos différents prix et distinctions.

J’ai fait mes études primaires et secondaires dans différentes villes du Niger : Niamey, Dosso, Gaya, Zinder et Tahoua.  Ensuite, j’ai fréquenté le lycée technique de Maradi, où j’ai obtenu mon baccalauréat option génie civil. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai  continué mes études à l’Ecole des Mines de l’Industrie et de la Géologie (EMIG) où je suis sortie doublement diplômée en génie civil comme technicienne et en Mines-géologie comme Ingénieure. J’ai également eu la chance d’être  Alumni du Centre Régional de leadership de l’Afrique de l’Ouest le YALI RLC Dakar en 2017, Africanwomen’sentrepreneurship program, AWEP 2018, international visitor leadership program, United States of America (IVLP USA) et de « Developmentminerals » du PNUD. En 2017, j’ai été lauréate  du 2ème prix environnement au salon sahel innov 2017. Et en 2018, lauréate du prix d’excellence OIF ( Organisation internationale de la francophonie), au Forum international jeunesses emploie verts ( FIJEV) 2018, et pour finir lauréate du 1er prix moyenne entreprise à la compétition des plans d’affaire (CPA)  2018.

                      

Parlez-nous du groupe VLAN.

Le Groupe VLAN est une société de droits nigérien qui intervient dans divers domaines tels que : la petite mine, l’agrobusiness, la restauration, l’art etc.

 

Vous êtes de formation une ingénieure en mines-géologie et technicienne en génie civil avec une expérience en hydraulique villageoise,  et aujourd’hui vous êtes entrepreneur œuvrant dans le secteur de l’agrobusiness, comment s'est produit le déclic qui vous a poussé à choisir l’entrepreneuriat ?

En effet, les raisons sont multiples. D’abord j’avais fait quelques constats au Niger :

Certains produits que nous consommons sont faits de façon très malsaine et nous disposons de matières  premières périssables très mal exploités.

Des arbres sauvages pourtant très bénéfiques  pour la santé disparaissent par manque de soin.

De l’autre côté, j’étais entrepreneur  minier pendant 2 ans( fin 2014 – mi 2016) sans résultat concret, alors j’ai décidé de saisir les opportunités liées aux problèmes cités plus haut en pivotant vers l’agrobusiness ( à partir de mi 2016) le temps de trouver les moyens nécessaires pour la reprise de mes activités minières. C’est ainsi que je me suis retrouvé  dans l’agrobusiness.

 

Quel est votre opinion sur l’entrepreneuriat féminin au Niger ? Selon vous,  quels sont les enjeux liés à ce secteur ?

Les femmes nigériennes ont toujours été entreprenantes à mon  avis. Quand on prend celles qui élèvent des animaux, celles qui vendent les cacahuètes ou celles qui vendent du bois, les condiments, les pagnes, le maraîchage.Elles ont su adapter leurs propres systèmes d’épargne (la tontine). Cependant elles travaillent dans l’informel en majorité. Aussi, elles ont tendance à utiliser les fonds de commerce dans les dépenses de la famille. Certaines parmi elles n’arrivent même pas à faire les tontines car leurs  ressources financières ne le permettent pas.

Le Niger étant un pays où la scolarisation de la jeune fille reste encore un défi à relever, la majorité de ces femmes ne sont pas allées à l'école.

Le gros souci c’est la question de formalisation des activités, de formation des femmes, le soutien technique et financier.

En Afrique de manière générale, la femme quand elle dispose de moyens financiers, elle contribue beaucoup plus aux dépenses de la famille qu’à réinvestir dans ses activités.  Alors soutenir cette dernière dans ses activités d’entrepreneuriat à mon humble avis permettra de contribuer au développement socio-économique d'un pays.

 

Pensez-vous que la femme, nigérienne en particulier, ait conscience aujourd’hui du fait que ça soit un droit pour elle d’être autonome, et de contribuer au développement socio-économique de son pays ?

Beaucoup de femmes en sont conscientes aujourd’hui, car elles se retrouvent souvent dépassées par le fait d’être humiliés  par leurs maris parce qu’elles demandent tous les jours au lieu de contribuer financièrement au foyer. D’autres sont obligés parce que le mari l’abandonne avec les enfants pour partir en exode laissant ainsi la charge des enfants à la femme. Cependant la soumission au mari (pour des questions religieuses) empêche à certaines femmes  d’être indépendantes quant à la question d’entreprendre ou pas.

Quand on prend le cas des femmes instruites, il  ya une prise de conscience de la majorité d’entre elles. Elles se battent tous les jours, le constat est là à travers les médias.

Par exemple, je travaille actuellement sur un projet qui consiste à soulever les questions de formalisations des activités des femmes artisanes minières et leurs contributions à l’économie du Niger. L’objectif serait de les aider  à se formaliser.

Pour finir, une  prise de conscience reste à faire à ce sujet,  à travers des campagnes et initiatives de sensibilisations.

 

De par votre parcours, vous êtes une femme engagée, et de surcroît une battante ! Cela n'a pas dû être toujours facile pour vous ? Ou est-ce le contraire ?

Au fait ce caractère de femme engagée et battante j’ai grandis avec. Dans ma famille la première devise c’est l’indépendance et la débrouillardise. Notre père de toute sa vie s’est battu pour que tous ses enfants aillent à l’école. Son objectif est que chacun d’entre nous puisse  avoir un diplôme professionnel qui lui permettra de travailler et ne plus être dépendant de lui. Partant de cela, dans ma famille, une fille n’est autorisée à se marier que quand elle a déjà un diplôme professionnel ou quand elle fréquente une école professionnelle. Nous avons tous appris à nous débrouiller avec ce que nous avons, et à ne jamais compter sur les autres.

Engagée ou battante peut être, tout ce que j’essaie de faire c’est un combat pour ma propre indépendance financière en premier et voir comment ce modèle peut servir à d’autres femmes  et pour une indépendance économique du Niger.

 

Quelle est votre plus grande motivation dans la vie ?

Ma plus grande motivation dans la vie c’est l’envie de réussir. Pour atteindre mon objectif dans la vie, je me lance toujours des défis. En cherchant à relever les défis, je réalise des choses même si parfois ce n’est pas exactement ce que je veux que j’obtiens comme résultat.

 

Quelle femme leader vous inspire dans la vie ?

Ma mère est celle qui m’a toujours inspiré. Elle est une femme intelligente et surtout très dynamique. Je me souviens pendant les vacances quand nous partons au  village, souvent pour faire le bois elle porte un tas 3 à 4 fois supérieur à celui des autres femmes pourtant villageoises. A la maison alors qu’elles sont 4 femmes c’est la seule qui se souci de la bonne gestion du bien commun. Elle dort après tout le monde car c’est elle qui ferme la porte principale et se réveille avant tout le monde car c’est encore elle qui réveille les autres pour la prière à l'aube. Elle n’oblige personne à l’aider dans ses tâches même pas ses propres enfants. J’ai beaucoup copié et appris sur elle.

 

Aujourd’hui,  on peut dire que vous êtes satisfaite en tant qu’entrepreneur au point de ne plus avoir envie de remettre votre casquette de la femme ingénieure ?

D’abord je suis ingénieure entrepreneure, je continue d’utiliser ma casquette d’ingénieure. Je travaille par exemple dans le domaine minier où je vais bientôt lancer la première usine de production de carreaux de roche au Niger grâce à la CPA (Compétition des plans d’affaire) ou j’ai obtenu le 1ier prix moyenne entreprise et le soutien technique du PNUD à travers son programme « Developmentminerals »

Par contre, je ne pense pas un jour, redevenir employé. Déjà en 2015 après l’échec sur le premier projet minier, un de mes partenaires m’a proposé un poste à responsabilité en tant qu’ingénieure des Mines. Je n’ai pas voulu pour la simple raison que l’expérience de mon précédent poste est une leçon pour moi. J’ai compris qu’avec mon entreprise je suis libre de planifier, de réaliser, de contrôler, de voyager; Je peux facilement mettre en avant mon esprit de créativité, d’innovation, ce qui est cependant difficile quand on est employé.

 

Quel est votre message à l’endroit de la femme nigérienne ?

J’ai envie de dire à la femme nigérienne de se lever,  si elle veut briller. Il n’y a pas de développement ni d’avenir pour le Niger sans la composante majoritaire que représente les femmes. Il est vrai que rien n’est facile dans la vie, avec la persévérance, l’engagement et le dynamisme on peut se distinguer. Seul le travail paie.

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