Ibra Hadiza, consultante en Ingénierie pétrolière et planificatrice du développement du champ pétrolier.

Ibra Hadiza, consultante en Ingénierie pétrolière et planificatrice du développement du champ pétrolier.

Depuis son jeune âge Ibra Hadiza n‘a cessé de braver les obstacles tout au long de son parcours. Aujourd'hui au poste d’ingénieur de réservoirs et planificatrice du développement du champ pétrolier dans une compagnie du consulting, filiale de NNPC au Nigeria, la jeune ingénieure nigérienne en Génie Pétrolier de formation n’a reculé devant aucun défi, qu’il soit physique, technique ou surtout social.

La jeune femme portait en elle une volonté farouche et une détermination sans faille pour exceller dans ce domaine qui paraît complexe et inhabituel pour une femme surtout nigérienne. C’est ce qui lui a valu aujourd’hui d’être la première femme nigérienne spécialisée dans l’ingénierie du réservoir pétrolier. Hadiza est sans doute une précurseuse de la parité homme-femme dans le secteur pétrolier au Niger.

Mme Hadiza, en toute chose dans la vie il ya un début. Quel fut le déclic qui vous a poussé à embrasser le domaine d'Ingénierie Pétrolière?

Ibra Hadiza : Dès mon plus jeune âge j'ai toujours aimé relever les défis, spécialement là où on pense que c'est réservé aux hommes. Au lycée on dit le plus souvent, ironiquement que les séries littéraires sont pour les femmes et les séries scientifiques pour les hommes. Je me suis alors lancé comme 1er défi d’aller vers les sciences. J'avais fait des sciences physiques et des mathématiques une passion. Je n'étais pas comme beaucoup de ces élèves qui attendent le Bac pour demander à leurs parents ce qu'il faut étudier à l'université. Je savais déjà ce que je voulais être : Pilote de l'armée ou Ingénieure.

Après mon BAC D en 2010, Dieu faisant les choses, j’ai eu une opportunité de bourse chinoise dans le domaine pétrolier pour laquelle j'ai passé cinq ans dont une en langue chinoise et quatre en Ingénierie Pétrolière.

Après mon retour au Niger en 2015 et constatant les réalités du pays qui venait juste de se lancer dans la production Pétroliere, il s'est imposé à moi la nécessité d'une spécialisation dans un domaine que je me permets d'appeler le "télescope des techniciens et chercheurs pétroliers" : l'ingénierie du réservoir. C'est ainsi que j'ai décidé de continuer mes études en France pour deux années, formation qui m'a permis de faire mes premiers contacts du terrain avec le géant Africain de l'industrie, c'est à dire la NNPC du Nigéria à travers la NPDC, une de ses filiales. C'est là au vrai sens du terme, le début de ma carrière avec un passage à la CNPC Niger en tant que chercheuse-stagiaire puis des consultations à distance avec PPS (Pionner Alpha Petroleum Services) au Nigéria et enfin IDSL (Integrated Data Services Limited), une autre filiale de la NNPC avec laquelle je travaille actuellement  en tant que Ingénieure Réservoir depuis un peu plus de deux ans.

Pouvez-vous décrire en quoi consiste ce métier au quotidien ?

Ibra Hadiza : le travail d’un Ingénieur de réservoir dans une industrie pétrolière consiste à faire des analyses de performance des puits et des réservoirs, ensuite faire un bilan pour estimer la quantité d’huile et/ou du gaz initialement en place dans un réservoir et déterminer le mécanisme de drainage du réservoir. Nous assurons l’optimisation de la production des réservoirs et des champs pétroliers grâce au placement approprié des puits. Nous travaillons aussi sur les réservoirs déjà déplétésafind'améliorer la récupération des hydrocarbures grâce aux différents scénarios de simulation dynamique. En résumé, le développement des champs et l’évaluation des réserves sont notre devoir.                                           

Lors de votre expérience d’ingénieur et de femme de sciences, avez-vous ressenti, d’une manière positive comme négative, une différence due à votre position de femme ?

Ibra Hadiza : j’ai plutôt pris du bon coté le fait d’être une femme et du fait des diverses langues étrangères que je pratique : le français, l’anglais et le chinois. Une fois légitimée par l’expertise démontrée (à égalité de compétences), ma contribution au travail de l’équipe était appréciée grâce à la diversité des solutions que je pouvais apporter à la résolution des problèmes. C’est l’idéal auquel il faut tendre. Que diversité soit un enrichissement.

Quand je parle de diversité, je ne parle pas d’ailleurs seulement de la diversité de genre, mais plus largement des diversités culturelle et professionnelle qui permettent une multiplicité des approches et une plus grande efficacité. J’ai pu le constater notamment au Nigeria où j’ai pu m’enrichir des différentes nationalités et différents métiers avec lesquels je travaillais pour ces missions multi-disciplinaires.

De par votre parcours, vous êtes une femme engagée, et de surcroît une battante et promotrice de STEM (Science, Technology Engineering and Mathematics) . Pourquoi faut-il promouvoir la diversité dans le STEM ?

J'aimerais bien que mes sœurs nigériennes sachent qu’il n’y a pas de fatalité liée au sexe dans les vocations et les compétences. La science est universelle. Les talents de chacun(e) contribuent à le ou la mettre au service de notre société tout en veillant à limiter ses dérives.

Nous avons besoin d’une stratégie dédiée, non seulement pour accroître la proportion de talents féminins dans les emplois relatifs aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques (STIM), mais aussi pour veiller à leur épanouissement en les incitant à ne pas quitter des emplois bien rémunérés ainsi qu’à institutionnaliser des cultures organisationnelles qui favorisent leur progression dans ces domaines. 

Quel est le modèle de femme leader qui vous inspire dans la vie et sur le domaine pétrolier ?

Ma mère ! Oui, c'est elle mon modèle et ma grande inspiration.

Sur le plan scientifique, j'ai une maman scientifique qui m'inspire beaucoup par son engagement sur la promotion de la science technique au Niger : je souligne ici Mme Hadjia Aichatou Issoufou, première dame du Niger.

 Au-delà de nos frontières, elles sont nombreuses, mais en tant que femme africaine et ingénieure mon modèle reste Catherine Uju ifejika, qui est une femme nigériane qui est parmi les six premières femmes au monde qui se battent dans le secteur pétrolier. 

Avez-vous des conseils pour les jeunes ? 

À la jeunesse, je dis ceci : ne pas abandonner, mais prouver essentiellement par son professionnalisme et par son travail de bien faire. Croyez en vous et ayez la force d’outre passer ce que les gens pense de vous. La force de la jeunesse peut changer une nation donc continuons de nous battre et apporter notre contribution au développement de notre très cher pays le Niger.