Ramatou salifou ,femme activiste engagée au Niger

Ramatou salifou ,femme activiste engagée au Niger

 

 

-Présentez vous aux internautes, qui est Ramatou Salifou Karanta ?

Diplômée d’un Master en Assurances obtenu à l’Ecole Supérieure d’Assurances à Paris en 2009, je suis rentrée au Niger en 2010. J’ai été chargée de publication d’un site Internet dans un ministère, ensuite conseillère en communication à l’Assemblée nationale, tout en exerçant mon métier d’assureur.Polyvalente de tout temps, je me marre à chaque fois qu’on me demande comment arrivez-vous à concilier activisme, vie professionnelle et vie privée ? Je réponds que j’ai le temps pour chacune de ces 3 vies (rires). De l’activisme sur les réseaux sociaux, mon engagement citoyen se fait sur le terrain également à travers les actions de sensibilisation (spot tv, écrits, échanges avec les citoyens et surtout pour les actions de notre groupe).

-Parler nous de l'initiative Nigérien cyber citoyen NCC?

L’initiative NCC a vu le jour autour d’une table aux rôniers. Cette rencontre a regroupé plusieurs internautes qui ne se connaissaient pas pour la plus part avant ce jour. L’idée première était de mettre en place une association qui va œuvrer à faire des nigériens des citoyens modèles avec comme axe prioritaire la lutte contre l’insalubrité. Le modèle retenu était mouvement social sur réseaux sociaux donc aucune formalité à faire et libre adhésion des citoyens. C’est ainsi qu’est né le groupe NCC.

-Pourquoi le nom NCC?

NCC comme Nigérien Cyber Citoyen, Nous sommes tous nigériens, citoyens et utilisateurs des réseaux sociaux et du net en général, nous sommes donc une génération cybernétique c’est de ce constat qu’est tiré le nom sur proposition de Djibril Saidou après plusieurs échanges avec des membres Aminou Boukary et Ousmane Danté, ce nom a été retenu. Par la suite nous avons fait de ce sigle notre devise sur proposition de Dr Aissa Ganda Magagi qui est aussi membre de NCC. La devise est Notre Cause Commune.

-Qu'est-ce qui vous a poussé à entreprendre ces actions communautaires à Travers l'initiative NCC?

Quand on vient à Niamey pour la première fois, je peux vous assurer que ce qui frappe c’est la saleté, en quittant l’aéroport pour le centre-ville, rien n’attire l’attention hormis les saletés, les sacs plastiques volants, les infrastructures mal entretenues, un quartier périphérique qui devient de plus en plus une décharge publique. Quand on vit à Niamey et qu’on se déplace de quartier en quartier, çà fait mal au cœur de voir l’état d’insalubrité et surtout le degré de négligence des citoyens, raison pour laquelle, comme évoqué ci- haut l’axe prioritaire retenu est l’insalubrité. Evidemment que nous ne pouvons que combattre cette saleté ambiante et redorer notre image et celle de notre ville.

-Quel est votre opinion sur l'entretien de l'environnement au Niger ?

Je vais paraitre dure sur ma réponse, les municipalités si je devrais les noter sur 5, je leur attribuerai une note de 0,5. Les élus que sont les maires et leurs conseillers ont déçu par leur manque de dynamisme surtout concernant la salubrité. Niamey sombre et coule sous les ordures, et ses élus n’ont pour excuses que le manque de moyens. Nous arrivons à approcher les riverains, nous échangeons avec eux et ils sont tous unanimes et disent que c’est parce que les enlèvements des dépotoirs sont peu fréquents que leur quartier sont envahis. Il y a même des citoyens qui sont prêts à payer pour faire enlever les ordures, hélas quand ils vont à la mairie ils n’ont pas souvent un retour rapide ou réussissent à avoir les engins très tardivement. Saviez-vous qu’il existe un code de l’hygiène publique au Niger ?

-Pensez-vous que NCC arrivera à changer les mentalités de la communauté nigérienne sur la protection de l'environnement et l'entretien des locaux ?

Nous n’allons pas prétendre faire changer de mentalité aux plus de 18 millions de citoyens nigériens mais ce qui est sûr tous ceux que nous rencontrons ou qui nous suivent au quotidien, je suis convaincue qu’ils changeront. Cette question d’insalubrité au-delà de l’esthétique, du visuel, ce doit être une préoccupation environnementale et de santé publique. Je vous assure que si tous les acteurs de la chaine (citoyens-municipalité-ministère de la santé-ministère de l’environnement-ministère de la sécurité et de la décentralisation …) faisaient le travail on n’aura pas à lutter contre ce fléau.

-Avez-vous des partenaires, ou financiers qui vous accompagnent à mener à bien vos actions humanitaires?

Nous avons une feuille de route, une charte de fonctionnement et un mode de financement propre à notre mouvement. Il vous souviendra que notre groupe est informel, il nous sera donc difficile de bénéficier d’apports financiers d’un organisme tiers. Cependant nous fonctionnons à vase clos c’est-à-dire que seuls les cyber-citoyens membres du groupe facebook ou followers cotisent pour nous permettre d’agir sur le terrain.

-Quel message voulez-vous passé à la population nigérienne, particulièrement pour attirer leur attention sur l'importance de garder la ville et les locaux propres?

Chaque nigérien est conscient que la saleté est source de maladie et de mal-être, seulement chacun attend que ce soit l’état, ou l’autre qui fasse quelque chose pour rendre propre l’environnement. Ce postulat est erroné, chacun peut balayer devant chez soi, les municipalités doivent procéder aux enlèvements réguliers, mettre à la disposition des citoyens le matériel nécessaire pour se débarrasser de leurs ordures ménagères, l’état au plus haut niveau doit trouver une solution durable comme un centre d’enfouissement, une usine de traitement des déchets.. Pour que le Niger soit cité en exemple sur le plan de l’hygiène comme le Rwanda et le Tchad qui lui a emboité le pas concernant l’interdiction du sac plastique.

-Enfin quel est votre cri de cœur à cette jeunesse nigérienne encore hésitante à entreprendre des actions pour le bien de la communauté nigérienne?

A la jeunesse nigérienne, je leur répèterai encore cette phrase ‘‘Personne ne viendra balayer devant votre porte et surtout personne ne construira le Niger à votre place, vous êtes dons les seuls maîtres à bord du bateau, il vous appartient de naviguer pour mener le bateau à bon port.’’

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