Rachida Mamane la Nigérienne militante pour les droits fondamentaux des femmes

Rachida Mamane la Nigérienne militante pour les droits fondamentaux des femmes

«Les femmes prennent de plus en plus conscience de l’importance de leur autonomisation économique et s’emploient à l’affirmer. Elles réclament le statut non pas seulement en terme de droit mais en termes de justice sociale pour le bien de la communauté », déclare Mme Mamane Oumarou Rachida

-Pouvez-vous vous présenter aux internautes ?
Mon nom est Mamane Oumarou Rachida. Je suis née le 17 avril 1984.Je suis titulaire d’un master en logistique transport à l’Ecole des Cadres de Niamey et d’un DUT (Diplôme Universitaire) de Technologie en Technique de commercialisation à l’Université de Littoral côte d’opale Dunquer (France) en Partenariat avec l’école des cadres. Présentement, je suis Directrice Générale de la SL2T (Société Logistique, Terrassement et transport, spécialisée en BTP (Bâtiments, travaux publique). Je travaille actuellement sur le Projet Niamey-Yala. Sur le plan professionnel, j’ai travaillé à ALCATEL-LUCENT succursale Niger de 2009-2010, et à AREVA en tant que Gestionnaire Maintenance et suivi de Budget 2010-2013.
Sur le plan associatif, je suis promotrice d’une ONG dénommée Association Nigérienne pour la Défense de Droit de la femme (ANDDF /Karey Hakin Maata)

Merci beaucoup Madame. Alors depuis quelques années, le concept autonomisation occupe la Une des nations, des institutions internationales et des grands projets de développement notamment dans les politiques et programmes des pays en développement comme le Niger. Parlant de ce sujet, on parle toujours de l’autonomisation, surtout des femmes. Quel est votre opinion sur cette approche de manière globale ? Pensez-vous que les femmes Nigériennes prennent de plus en plus conscience qu’être autonome est un droit pour elle ?
L’autonomisation de la femme au Niger est un thème d’actualité, une réalité de nos jours, et je suis convaincue que c’est d’abord une question de droit avant tout, mais aussi de bon sens économique et social. On ne peut pas vouloir le développement d’un pays et se priver de la moitié des ressources humaines qui constitue la gente féminine.
Heureusement aujourd’hui, les femmes prennent de plus en plus conscience de l’importance de leur autonomisation économique et s’emploient à l’affirmer. Elles réclament le statut non pas seulement en terme de droit mais en termes de justice sociale pour le bien de la communauté.
L’autonomisation de la femme est aujourd’hui une nécessité économique et une exigence sociale sous toutes les latitudes.
-Quel est votre opinion sur l’éducation des jeunes filles au Niger ?
L’éducation, de manière générale et quel qu’en soit le bénéficiaire, est nécessaire et même obligatoire pour le progrès et l’épanouissement du genre humain. Elle revêt à mon avis, une importance capitale lorsqu’elle est adressée à la femme ou la jeune fille.
Il est vrai que les jeunes filles nigériennes sont mal loties dans le domaine de l’éducation pour plusieurs raisons. Aujourd’hui, les choses évoluent dans la bonne direction et les jeunes filles accèdent de plus en plus à l’éducation. A mon humble avis, un accent particulier devrait être mis sur l’éducation de cette tranche d’âge de la population.
Le système social qui régit le monde aujourd’hui a fait de l’éducation et de l’instruction les moyens par excellence de trouver sa place dans l’organisation de la vie sociale (emploi, foyer, société).
- Je rappelle que vous êtes-vous êtes Présidente de l'ong ANDDF (association Nigérienne des droits de la femme). Alors pourriez-vous nous donner plus de détails sur cette association ?
C’est une Association de défense des droits de la femme qui a pour vision de contribuer à ce que les femmes nigériennes aussi bien des villes que des villages jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux et contribuent au développement socio-économique du Niger.
Notre objectif est de faire en sorte que par nos activités, elles participent effectivement à la vie économique, sociale, politique, culturelle et qu’elles jouissent des droits fondamentaux dont elles sont dépositaires.
-Quelles sont les enjeux (problématiques) liés à la (création) de votre association auxquels vous faites face ? Et comment trouvez-vous des solutions aux problématiques ?
La gestion d’une association n’est pas une sinécure au Niger. Les défis sont multiples. Aux défis de financements s’ajoutent les problèmes de la compréhension par les victimes de la nécessité de lutter pour recouvrer leurs droits.
Pour l’instant, nous autofinançons nos activités et recevons des appuis de quelques bonnes volontés qui croient en notre lutte. Parallèlement, nous essayons de mobiliser les partenaires d’implémentation que sont les femmes rurales pour les faire adhérer à notre vision pour qu’ensemble, nous fassions triompher la cause de la femme nigérienne.
Notre approche d’autonomisation de la femme (par la femme), sans être inédite, se distingue par la rigueur que nous mettons à soutenir les femmes dans leur émancipation économique sans mettre en danger leur quiétude conjugale car le but ultime est de renforcer les structures familiales et non pas de les disloquer, comme certains le perçoivent.
Il y a donc une grande part de sensibilisation dans notre démarche afin que nous puissions créer des synergies avec les acteurs.
-Que pensez-vous de l’équité du genre, l’égalité entre les hommes et les femmes au Niger ?
Pour être honnête, l’équité de genre et l’égalité entre les hommes et les femmes ne sont pas encore une réalité au Niger. Certes des efforts ont été mis en œuvre par les autorités pour rendre effective l’équité du genre entre les hommes et les femmes au Niger, comme en atteste la loi sur le quota et l’adoption de la politique nationale du genre votée a l’Assemblé Nationale en 1996. Nous avons cependant la conviction que les mentalités vont évoluer en même temps que les actions afin que l’idéal de l’équité de genre et l’égalité entre hommes et femmes soient une réalité au Niger.
-Pensez- vous, que la femme nigérienne a une chance de s’imposer en politique ?
Avant de répondre à votre question qui ne semble très importante, je voudrais vous dire que je suis aussi une femme très engagée en politique. Je milite au sein d’un parti politique afin de donner des moyens à mes idéaux.
Pour revenir à votre question, je crois sincèrement que la femme nigérienne a ses chances en politique. Pour cela, elle doit s’armer de courage, donner la preuve qu’elle peut mobiliser autant que les hommes, partager sa vision et affirmer son leadership. Certains diront que c’est très prétentieux, moi je dirais, qu’il faut une dose d’ambition pour réaliser de grands desseins tel que celui de donner à la femme nigérienne sa plénitude civique et sa personnalité républicaine.
Je profite de cette opportunité que vous m’offrez pour inviter les femmes à s’engager en politique et à militer activement dans les partis politiques pour faire valoir leurs idées. Je veux leur dire que personnes en dehors d’elles ne peut défendre leur cause. Car, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.