Dr Fadji Maina, Hydrogéologue et Chercheuse, porte haut les couleurs du Niger à la NASA

Dr Fadji Maina, Hydrogéologue et Chercheuse, porte haut les couleurs du Niger à la NASA

-Mme Fadji, en toute chose dans la vie il ya un début. Quel fut le déclic qui vous a poussée à embrasser le domaine scientifique, précisément l'hydrogéologie?

Mon nom est Fadji  Hassane Zaouna Maina, récemment  j’ai travaillé en tant que scientifique dans le domaine de l’hydrologie au lawrence  Berkeley National laboratory, actuellement je suis scientifique travaillant a la NASA  l’Agence spaciale Américaine –NASA

Je suis originaire de Zinder, une ville très connue pour ses problèmes de ressources en eau. J'ai grandi dans un environnement où je voyais quotidiennement des personnes pour lesquelles l'eau était une denrée rare. Un seau d'eau était suffisant pour rendre leur journée très belle. Je considère que l’accès à l'eau et surtout à l’eau potable est un droit pour tout être humain. Hélas, ce n’était pas le cas dans ma ville. Ceci a suscité mon désir de mieux comprendre la problématique de l’accès à l’eau. C'est ainsi que je me suis intéressée à l'hydrogéologie

-Qu'est ce que l'hydrogéologie ?

                                       
L'hydrogéologie est une discipline qui vise a mieux comprendre les ressources en eau d’un territoire, et tout particulièrement les ressources en eau souterraines. Mes recherches se focalisent plus précisément sur la modélisation hydrogéologique. Celle-ci consiste à utiliser des équations mathématiques pour représenter le cycle de l'eau. En d'autres termes, nous décrivons le cycle de l'eau avec un langage mathématique.


-Et quel est le deuxième volet auquel votre spécialité s'intéresse ?


Mon travail de recherche à la NASA consiste à utiliser ces modèles mathématiques et des données satellitaires pour mieux comprendre le cycle de l'eau et prédire l'évolution des ressources en eau en réponse au changement climatique. La NASA déploie un grand nombre de satellites pour explorer la Terre et mesurer toutes ses constantes. Par exemple, ces satellites mesurent aussi bien la pluie et les températures au Niger qu’aux Etats-Unis.

- Votre ville natale Zinder, est connue pour ses problèmes de ressources en eau. Pensez vous que votre expertise puisse contribuer à l'amélioration des conditions de vie de la population de Zinder concernant l'accès à l'eau potable ?


Oui, je pense que mes recherches pourraient aider à mieux comprendre les problèmes d'eau à Zinder. C’est ce qui m'a poussé à m'intéresser à l'hydrogéologie et j'espère de tout cœur pouvoir contribuer à la résolution de ce problème. J'aimerais bien travailler avec les chercheurs du Niger pour mieux réfléchir sur cette thématique qui me tient à cœur.

- Vous êtes une femme, et de surcroît une femme évoluant dans un domaine scientifique. Pourtant le parcours que vous avez choisi n’a pas dû être toujours facile…

En tant que femme surtout femme Nigérienne, il m’a été difficile d'arriver à un certain niveau d’études et de reconnaissance scientifique. Mais difficile ne veut pas dire impossible. On doit briser les barrières et se dépasser pour y arriver. J'ai dû faire pas mal de sacrifices dans ma vie d'étudiante et de chercheuse. Par exemple, j'ai pris le risque de voyager et d’habiter seule dans des endroits où je ne connaissais personne et où j’étais loin de ma communauté. J'ai travaillé énormément et sacrificié  pas mal de temps de loisir pour pouvoir atteindre mes objectifs.

-Vous êtes la première femme Nigérienne à travailler à la NASA, quel est le sentiment que cela évoque chez vous ?

Un sentiment de responsabilité. A la NASA aussi bien que dans les autres institutions de recherche que j'ai eu à travailler, on ne connait pas les Nigériens. La majorité de personnes de mon domaine m'affirment que c'est la première fois qu'ils rencontrent une Nigérienne. J'ai de ce fait le devoir de porter hauts les couleurs de mon pays, de montrer que les Nigériens peuvent tout à fait prétendre à faire partie de la communauté scientifique. Cela revient a être ambassadrice de mon pays, du moins dans mon domaine. Je suis née et j’ai grandi au Niger, j'ai eu une éducation Nigérienne, et mon travail a acquis une reconnaissance internationale. Donc ce n'est pas parce qu'on est Nigérien qu'on doit penser que l'excellence scientifique n'est pas pour nous.

-Quel est le modèle de femme leader qui vous inspire dans la vie ?


Je crois que chaque personne peut nous inspirer donc je dirais qu'il n'existe pas un modèle unique de femmes qui m'inspire mais plutôt toutes les femmes, de la femme au foyer à la commerçante, l'entrepreneure, la vendeuse de beignets, l'ingénieure, et la scientifique. Chacune d'elle a quelque chose à nous enseigner, a des valeurs qui sont inspirantes et une force qui est inimaginable qui peut nous booster à aller de l'avant.

-Qu'est ce que vous aimeriez dire aux nombreuses jeunes femmes que vous inspirez, et qui désirent embrasser la carrière scientifique tout comme vous ?

Ne jamais baisser les bras, rêver toujours plus grand, oser et ne laisser jamais quelqu'un déterminer votre avenir et vous mettre des limites. Avec la détermination et le courage tout est possible. Nous avons besoin de vous pour changer la tendance et nous comptons sur vous.