La Nigerienne Dr Djibrine Mariama Une jeune dame, très dynamique et très engagée

La Nigerienne Dr Djibrine Mariama Une jeune dame, très dynamique et très engagée

 « Je suis inspirée par toutes ces femmes scolarisées ou non, qui se battent tous les jours pour arracher leurs droits et réaliser leur rêve », déclare Dr Djibrine Mariama

Une jeune dame, très dynamique et très engagée Dr Djibrine Mariama est âgée de 31 ans. Médecin de formation, elle travaille dans l’humanitaire et parallèlement œuvre dans l’entreprenariat. A son actif, elle s’est toujours engagée pour la cause des personnes vulnérables, notamment les femmes et les enfants victimes des catastrophes comme les inondations, l’insécurité et le déplacement. Aujourd’hui, dans un souci de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et le bien-être des populations (les femmes et les enfants), elle a créé projet « LAFIA PROJECT ». Au travers de ce projet, elle vise à mener des actions de sensibilisation et d’éducation sur des questions de santé via des outils de communication. Sa force dans toutes ces activités c’est son accompagnement dans les actions de plaidoyer pour un meilleur accès au droit à la santé notamment pour les femmes, les enfants et les personnes en situation d’handicap. Elle est aussi membre des ONG nationales, une qui apporte de l’assistance alimentaire et non alimentaire à des malades mentaux errants et/ou abandonnés et l’autre qui œuvre pour le maintien de la paix, la sauvegarde de l’environnement et de développement durable.  Dans cet entretien qu’elle a bien voulu accorder à Actumag,  le Dr Djibrine Mariama partage son expérience et son savoir-faire avec le public. Actumag a aussi saisi l’occasion pour interroger son invitée sur ses activités et ses ambitions futures.

-Bonjour Dr Djbrina Mariama, merci de recevoir Actumag pour cet entretien. C’est vraiment un réel plaisir de faire votre connaissance. Pour commencer nous aimerons que vous nous parliez de vous ? Qui êtes-vous ? Votre cursus scolaire ?

Bonjour Madame la promotrice de Actu magazine. C’est plutôt moi qui vous remercie pour m’avoir donné cette occasion de me faire connaitre et partager mon parcours avec les autres. Pour revenir à votre question je m’appelle Djirina Mariama je suis née à N’guigmi.

Parlant de mon cursus scolaire, beaucoup pensent que j’ai étudié ailleurs. Mais en réalité je suis un pur produit de l’école publique nigérienne. J’ai fait mon école primaire à N’guigmi ma ville natale et le collège à Agadez. Pour le Lycée, j’ai fréquenté le lycée de  Doutchi où j’ai obtenu mon Bac en 2008. Voilà de manière brève en ce qui concerne mon cursus.  

-Après l’obtention du Baccalauréat vous vous êtes inscrite à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, à la Faculté de la Science de la Santé, ancienne Faculté de la Médecine. Vous avez fini vos études avec succès et vous avez soutenu votre thèse de Doctorat cette année même. Pouvez-vous nous dire ce qui a motivé votre choix pour les études en science de la santé ? En dehors de cette formation, avez-vous bénéficié d’autres formations ?

Effectivement, après le BAC je me suis inscrite à la faculté de la Médecine de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, où j’ai étudié jusqu’en 2017. Etant quelqu’un qui aime toucher un peu à tout, j’ai parallèlement fait un peu de communication notamment à l’IBMT où j’ai obtenu mon BTS d’Etat en communication en 2011. Pour renforcer mes compétences en langue, pendant les vacances je partais au Ghana me plonger dans un « bain linguistique ». Dieu merci, j’ai passé cette étape avec succès en obtenant également le diplôme d’anglais du CELPS ENGLISH SCHOOL d’Accra.

Par rapport à mon choix pour la médecine, je pense que c’est un choix naturel. En effet, depuis mon jeune âge, j’ai toujours eu le plaisir de prendre soin des autres.

Est-ce que c’est toujours dans la même ambition que vous avez pris l’initiative de créer le projet Lafia Magazine ? Dites-nous qu’est-ce qui a motivé cette initiative ?

Lafia n’est en réalité pas un nouveau projet. Il est juste nouvellement mis en œuvre. C’est un projet que j’avais déjà quand j’étais en deuxième année de médecine, il y a dix ans. J’avais déjà réalisé des interviews et collecté des articles mais faute de moyens et de soutien à l’époque je n’avais pas pu imprimer le magazine. A cette époque-là, le projet se limitait juste au magazine santé mais aujourd’hui Lafia est un projet beaucoup plus ambitieux.

L’idée de créer le magazine m’est venue quand j’ai commencé les études de médecine. J’apprenais tellement de choses plus importantes les unes que les autres et j’ai eu envie de les partager avec d’autres personnes. Je me disais : que ces personnes soient du domaine médical ou non, il est important qu’elles apprennent cela, qu’elles connaissent cela. Voilà d’où et comment est née cette idée qui est aujourd’hui un grand projet qui englobe plusieurs aspects.

-Dans vos parcours vous avez eu la chance de développer un leadership important. Alors Comment définissez-vous le leadership ?

Voilà une question bien complexe !

J’aime bien cette citation de Jack Welch qui dit que : « Avant de devenir un leader, le succès est uniquement lié à votre développement personnel. Lorsque vous devenez un leader, le succès est lié au développement des autres ». Selon moi être un leader c’est être à même d’influencer de façon positive l’environnement dans lequel nous vivons, c’est-à-dire notre communauté. On n’est leader que lorsqu’on est capable d’apporter un changement positif dans la vie des autres. Quand les autres se retrouvent en nous, croient en nous, s’inspirent de nous et qu’ils fondent espoir sur nous. Ainsi disait Bonaparte « un leader est un dealer d’espoir ».

-Nous savons que vous êtes membre fondateur de 2 ONG, dont l'une intervient pour aider les malades mentaux. Parler nous de ces ONG, qu’est-ce qui a motivé votre engagement dans la vie associative ?

En effet, je suis la présidente de l’ONG APEDD qui veut dire Action pour la Paix, l’Environnement et le Développement Durable. C’est une organisation que nous avons créée avec des camarades de l’université en 2016. Nous avons obtenu l’agrément en 2018. Elle œuvre pour le maintien de la paix, la sauvegarde de l’environnement et le développement durable. Son équipe est constituée de spécialistes dans différents domaines : juriste, économiste, environnementaliste, nutritionniste, médecin, communicateur, etc.

Je suis aussi vice-présidente de l’ONG AMAM qui veut dire Agir pour les Malades Mentaux. Nous nous occupons des malades mentaux errants et/ou abandonnés en leur apportant des vêtements, de la nourriture et nous espérons très bientôt pouvoir leur prodiguer des soins de santé. De toutes les activités que je mène, celle-là est celle qui me passionne le plus. Peut-être que je devrais me spécialiser en psychiatrie.

-Vous êtes une femme dynamique et engagé. Je vous qualifie même d’une femme pionnière, un bel exemple pour les autres. Mais nous savons que tous ce que vous faites est difficile surtout, comme vous l’avez dit, quand on est femme et dans un pays où les préjugés sociaux font obstacles. Dites sont les difficultés auxquelles vous faites face dans vos activités ?

Pionnière ! Vous parlez de Lafia Magazine sûrement ; qui est le premier magazine exclusivement dédié à la santé au Niger. En tout cas j’aime tout ce que je fais. Je n’aurais pas la prétention de dire que c’est facile, mais ce n’est pas impossible non plus. C’est difficile dans la mesure où entreprendre n’est pas chose facile mais aussi le contexte ne nous facilite pas la tâche. Dans un environnement où être simplement femme n’est pas facile. Vous imaginez alors aisément qu’être « femme avec des ambitions » est encore plus difficile. Il y a beaucoup de stigmatisation, beaucoup de clichés. Mais c’est votre détermination et vos compétences qui auront raison sur tous les blocages.

-Quels sont les signes de progrès que vous aviez observé en ce qui concerne l'émancipation des femmes nigériennes ?

L’émancipation des femmes au Niger a connu des hauts et des bas. Déjà après l’indépendance avec le président Diori Hamani il y avait une forte volonté d’œuvrer pour l’émancipation de la femme nigérienne. Pareil pour les années pré-conférence nationale et même pendant la conférence nationale les structures féminines de l’époque ont joué un rôle important.

Après, il y a une période de régression due notamment aux pesanteurs socio-culturelles et aussi religieuses. Mais ces dernières années, il y a un rebond. Les femmes prennent conscience de l’importance de leur autonomisation. Elles entreprennent de plus en plus. Elles sont présentes de plus en plus dans la sphère politique. Elles occupent des postes à responsabilité et mènent à bien les missions qui leur sont confiées. On constate vraiment une évolution, mais il reste beaucoup à faire !

Quels sont à votre avis les facteurs qui ont un impact négatif sur l'émancipation des femmes nigériennes ?

Il y a plusieurs facteurs. Selon moi le facteur principal c’est l’ignorance. L’ignorance constitue un frein à toute évolution pas seulement l’émancipation de la femme. Ensuite viennent les pesanteurs sociales et culturelles qui imposent beaucoup de limites à la femme.

Il y a aussi un déficit d’unité d’action des femmes elles-mêmes. Le célèbre écrivain nigérian Chinua Achebé pense que les femmes sont de toute évidence le groupe d´opprimés le plus important de la terre, mais que les femmes ne constituent pas un bloc unique fort pouvant défendre leur cause.

Comment peut-on adéquatement apporter des solutions idoines qui contribueraient à l'émancipation des femmes nigériennes ?

Je l’ai toujours dit et je le répète la clé de l’émancipation de la femme c’est l’éducation. Au Niger 14% des femmes seulement sont scolarisées,86% sont analphabètes. Il faut éduquer les femmes mais aussi les hommes. Nous ne pouvons-nous émanciper sans inclure les hommes.

Ensuite, il faut que les femmes puissent se défaire des pesanteurs socio-culturelles qui pèsent sur elles. Et aussi qu’elles s’unissent. L’union fait la force !

-Quel est l'exemple de femme modèle qui vous inspire à travers le monde, sur qui vous aimeriez prendre exemple ?

Je suis inspirée par toutes ces femmes scolarisées ou non, qui se battent tous les jours pour arracher leurs droits et réaliser leur rêve.