Lumière sur le parcours de la jeune Nigérienne Diana Leila

Lumière sur le parcours de la jeune Nigérienne Diana Leila

-Présentez-vous aux internautes, qui est Diana leyla?

Mon nom est Leila Diana KAMAN, Nigérienne d’origine, j’ai effectué toute ma scolarité à Niamey au Niger, dans un premier temps au lycée Bosso, puis au Lycée Bombey. Par la suite, j’ai continuée mes études en France à Nice, ou j’ai obtenue ma Licence en Économie Gestion/ Administration économique et Sociale, et à Paris avec une maîtrise en Finances.

 -Parlez-nous de votre parcours professionnel?

Après ma Maitrise, j’ai très vite intégrée un cabinet de Gestion de Patrimoine à Paris en tant que Stagiaire puis Responsable back office et enfin DAF à la direction financière.

En parallèle, je nourrissais l’envie de me rapprocher des problématiques rencontrées en Afrique, qui m’étaient plus évidentes encore lors de mon retour sur Niamey, mais également dans d’autres pays de la sous-région. J’ai donc décidée en 2015 de passer un diplôme en Relations Internationales au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques, à Paris.

Mon mémoire portait sur « Les Défis du Sahel : ressources développement et sécurité ». Ce diplôme m’a permis de prendre conscience des enjeux de notre société et surtout l’importance de s’impliquer dans le développement de nos pays, en tant que diaspora.  J’ai commencée ainsi à m’intéresser aux différents leviers d’actions dont l’entrepreneuriat, et plus particulièrement celui des jeunes, qui représente la majorité de la population dans le sahel.

J’ai intégrée le Conseil des Nigériens de France (CONIF) pour mettre mes compétences au service de la diaspora en accompagnant les porteurs de projets associatifs et entrepreneuriaux. A la fin de mon mandat (fin 2017), nous avons pu obtenir un financement d’un montant total de 25000 euros pour deux projets au Niger.

Après un diplôme d’accompagnateur de startups obtenu en 2017, j’accompagne aujourd’hui des porteurs de projets à Paris et je suis la fondatrice de dlcoworking, un espace de Coworking basé à Niamey, qui accompagne les femmes entrepreneures au Niger.

-Votre désir de voir l'entrepreneuriat féminin prendre de l'ampleur au Niger s'est fait sentir par la création du premier espace de co-working dédié à l'entrepreneuriat au Niger le DLC, que pouvez-vous nous expliquez c’est quoi exactement cette initiative louable pour les jeunes entrepreneurs ?

Dlcoworking(DLC) est né de l’association des prénoms de mon associée, Lariatou et du mien Diana. Nous avons lancé l’ouverture en septembre 2017 et sommes basés à Niamey, au quartier Plateau.

C’est un projet que je murissais il y’a deux ans de cela. Je voulais d’une part avoir un impact dans mon pays et d’autre part intégrer la diaspora en tant que levier de développement. Adepte de l’intelligence collective, la création d’un espace de Co-working s’est très vite imposée. Par ailleurs, je faisais le constat que nous femmes nigériennes, ne travaillions pas assez ensemble alors que nous avons tellement à nous apporter mutuellement. Créer DLC permettait d’une part de faire travailler ensemble des femmes de la diaspora et celles sur le terrain, et d’autres part de mettre à la disposition des femmes un espace propice à la création, l’accompagnement et l’innovation. Nous restons persuadés que c’est de la complémentarité des compétences et des actions que naissent les projets d’impact à long terme. L’histoire de DLC en est l’exemple parfait. En plus de ma co-fondatrice Mme Lariatou Allahi, nous avons été rejoints par Mme Bassiratou Illa, notre Business Partner qui s’occupe du pilotage, ainsi que de me représenter temporairement et Mme Mariam KEBE, notre Head of Communication. Aujourd’hui nous sommes donc 4 femmes nigériennes vivant au Niger et en France qui œuvrons pour l’essor de DLC. En mutualisant nos compétences et expériences nous arrivons à créer de la valeur pour les générations futures.

 

-  Comment s'est produit le déclic qui vous a poussé à la création du centre de Co-working DLC?
Comme je le disais plus haut, le déclic vient du travail de recherche effectué pour mon mémoire sur « les défis du sahel » et des observations sur le terrain que j’ai pu effectuer. Il était évident qu’il fallait non pas apprendre aux femmes nigériennes à entreprendre car cela fait partie intégrante de la femme nigérienne mais plutôt de les accompagnées à professionnaliser leurs activités, à les rendre plus pérennes.

 

- Madame Diana leyla vous avez un diplôme en relations internationales et en  accompagnement de startup, vous appuyez également des porteurs de projets! Cela n'a pas dû être toujours facile pour vous ? Ou est-ce le contraire ?

Non cela n’a pas été facile. En effet, après un Baccalauréat en littérature, me retrouver en Économie gestion a été mon premier défi. Par ailleurs, n’ayant pas de bourse, à côté de mes études, en France, j’ai dû cumuler plusieurs petits boulots en même temps pour payer mes charges et pour poursuivre mes études.

J’ai toujours su atteindre les objectifs que je me fixais. Bien sûre, la rigueur et l’organisation sont de mises. Il faut toujours garder le cap qu’on s’est fixé et savoir s’entourer de personnes positives qui nous aident à avancer et à atteindre nos objectifs. Enfin, accepter que sur le chemin rien ne se passe comme prévu et qu’il faut sans cesse apprendre à se réinventer. 

- Dites-nous quel est votre point de vue sur l'entrepreneuriat féminin dans un pays tel que le Niger ?

Comme je le disais l’entrepreneuriat féminin n’est pas une chose nouvelle dans notre pays. L’entrepreneuriat a toujours été féminin au Niger. Toutes nos mamans, sœurs…Qui font des petits commerces pour subvenir aux besoins de leurs familles en sont l’exemple. Pour moi, aujourd’hui parler d’entrepreneuriat féminin a un sens seulement si nous arrivons à ouvrir à ces femmes un nouveau marché, rendre accessible les nouvelles technologies pour le développement et la professionnalisation de leurs activités, leur apporter en toute humilité ce que nous avons appris de la gestion d’une entreprise afin que leurs activités soient les plus pérennes possible.

Par ailleurs on est dans un pays où il faut le dire, il est plus facile pour un homme de lever des fonds pour son entreprise que pour une femme. Notre combat sera d’ouvrir ce réseau aux femmes.

Enfin, au lieu de chercher des modèles souvent à l’extérieur, nous devons mettre en valeur toute nos mamans et grandes sœurs qui ont ouvert le chemin et qui sont à la tête d’entreprises pérennes. Cela doit commencer très tôt, dès les bancs de l’école. Nous aurons réussi le jour où on ne distinguera plus l’entrepreneuriat du féminin car cela voudra dire que les femmes entrepreneures seront pris autant au sérieux que les hommes.


- Vous êtes  également de la diaspora nigérienne vivant en France, selon vous pour un entrepreneur nigérien comment développer son activité grâce a  la diaspora, également comment toucher la diaspora ?

Nous avons organisé un atelier sur ce thème à Niamey dans les locaux de DLC, le 24 février dernier. Effectivement la diaspora est un vivier très important que les pays d’origine ont tendance à oublier. Vous ne rencontrerez jamais un nigérien de la diaspora qui n’a pas envie soit d’investir, soit de créer son entreprise au Niger ou de consommer local. Sur ce dernier point, toutes les femmes entrepreneurs au Niger devraient en prendre conscience. On se concentre trop souvent que sur le marché intérieur alors qu’avec un peu d’ingéniosité, vous pouvez écouler vos produits à l’international. Une de mes associées, Mme Bassiratou Illa est spécialisée sur ces sujets et peut accompagner les femmes qui veulent en savoir d’avantage.

 

-  Selon vous l'entrepreneuriat féminin a évolué par rapport aux années antérieures ?
Non l’entrepreneuriat féminin en tant que tel n’a pas pris de l’ampleur au Niger car il a toujours existé, les femmes ont toujours entrepris au Niger. Cependant, ce qui est nouveau c’est tout l’accompagnement proposé aujourd’hui. Avant les entrepreneures étaient souvent seules alors qu’aujourd’hui elles peuvent être coachées, accompagnées et formées ; ce qui leur permet d’éviter des pièges et de gagner du temps dans leur développement.

 

-Parlez-nous des perspectives en vues selon vous, pour développer l'entrepreneuriat féminin au Niger ?
L’objectif de DLC est d’être un lieu où les femmes peuvent interagir, se former et apprendre mutuellement. Notre ambition est d’accompagner les femmes, peu importe le domaine de création, à pérenniser leurs activités, qu’elles soient scolarisées ou non. Et de faire prendre conscience à la jeune génération qu’elles peuvent REVER GRAND, qu’avec un peu d’accompagnement elles peuvent réaliser des projets qui auront un impact réel sur les générations futures. Faire comprendre à cette nouvelle génération que le « développement » sera au rendez-vous seulement si les initiatives viennent des enfants du pays.

-Dites-nous quel est votre message à l’ endroit de la jeune femme nigérienne qui voudrait entreprendre ?


Je leur dirai : Osez entreprendre, et faites-vous accompagner ! DLC a été créé pour vous. Ne restez pas seule, c’est tellement bénéfique d’échanger avec d’autres entrepreneures qui rencontrent les mêmes problématiques que vous.

Je finirai avec cette phrase de Mandela que j’affectionne particulièrement : « Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès »